La pointe de Moisie : un modèle contre l’érosion côtière

Par Vincent Rioux-Berrouard 5:00 AM - 2 mai 2024
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La pointe de Moisie est une longue bande de sable d’environ 3,2 km située à l’embouchure de la rivière Moisie, sur la rive ouest. Photo courtoisie

L’érosion côtière est un phénomène auquel la Côte-Nord fait face et qui n’est pas près de s’atténuer. La restauration de la pointe de Moisie pourrait bien représenter un modèle à suivre pour l’affronter.

Il en a fallu du travail pour permettre au site d’être restauré. Il y a une quinzaine d’années, le lieu était occupé par des squatteurs. La Ville de Sept-Îles et le ministère des Ressources naturelles les ont expulsés. Au total, environ 200 personnes y étaient installées clandestinement.

C’est dans ce contexte qu’est né le projet pour restaurer la pointe de Moisie.

« La pointe de Moisie, c’est un lieu qui rassemble tous les intérêts. Il y a un patrimoine naturel qui est riche. On parle de plus de 175 espèces d’oiseaux. C’est aussi un lieu qui a un riche passé historique, que ce soit par la présence autochtone ou l’ancien village de Moisie », explique Caroline Cloutier, directrice générale adjointe d’Environnement Côte-Nord.

Par contre, les conséquences de l’occupation, ainsi que la fréquentation du site par les utilisateurs et utilisatrices de véhicules hors route (VHR) avaient fait leur œuvre. Il y avait des pertes d’habitat pour plusieurs espèces et fragilisation de la flèche de sable par la destruction de la végétation.

À partir de 2016, jusqu’en 2018, Environnement Côte-Nord a mis en place des actions pour une restauration de la pointe de Moisie avec des solutions nature.

Il y a eu un nettoyage du site, la plantation d’élyme des sables, la pose de barrières d’ensablement, le balisage d’un espace de stationnement et d’un sentier multiusager.

Plusieurs années plus tard, le bilan est plutôt positif.

« Ce n’était pas un dossier facile. On s’était lancé tout un défi, à l’époque, de restaurer un site qui avait un si grand passif. Par contre, quelqu’un qui visite le site aujourd’hui et qui n’a pas mis les pieds depuis 10 ans voit un changement important », commente Mme Cloutier. « La dune s’est refermée. On voit beaucoup d’activités de faible impacte, comme de la randonnée ou de la collecte de petits fruits », ajoute-t-elle.

À ce jour, Environnement Côte-Nord continu de faire de la sensibilisation auprès des gens, pour s’assurer que la pointe soit bien utilisée.

Des inventaires sont également effectués pour évaluer sa faune et sa flore.

Un exemple

Dans un contexte de changements climatiques et d’érosion côtière, le projet de Moisie représente une base de connaissances qui pourra servir dans d’autres lieux.

« Ça nous a permis de tester différentes solutions nature. L’idée était de laisser l’écosystème faire son travail, pour finalement être plus résilient aux changements climatiques », dit Mme Cloutier.

La solution peut notamment passer par des méthodes plus douces que l’enrochement par exemple, mais qui permettent aux écosystèmes de faire leur travail. Mme Cloutier donne l’exemple de la végétation, qui permet de conserver le sable sur les plages.

Une conférence

Environnement Côte-Nord sera présent au Forum interrégional sur les risques côtiers les 30 et 31 mai prochain, à Rivière-du-Loup. L’organisation présentera une conférence sur l’exemple de la restauration de la pointe de Moisie comme solution nature pour le climat. La présentation sera effectuée avec le groupe innu Uapashkuss, dont la mission est de protéger et promouvoir les sites sacrés innus.

« Au forum, on va présenter un exemple de travail entre deux organismes et qu’est-ce qui attend ce site de la pointe de Moisie, dans les prochaines décennies, dans un contexte de changements climatiques », affirme Caroline Cloutier.

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